HISTOIRE
saint pèlerin

Château-Landon : Carrefour historique

A 100 km de Paris, 18 du Nord de Montargis, 46 à l’Est de Pithiviers, 45 à l’Ouest de Sens, 63 km au Sud de Melun, Château-Landon a été longtemps un noud routier de première importance, où chacun des itinéraires qui s’y rencontre avait sa raison d’être : militaire, religieuse, commerciale.
La plus ancienne connue, la voie romaine, « Chemin de César », reliant Orléans (Genabum) à Sens (Agedicum), vit passer les légions, les barbares, les Huns venus de l’Est, les Normands déferlant de l’Ouest. Le grand élan de foi du Moyen-Age précipita sur les routes les pèlerins allant vénérer les saintes reliques exposées dans les abbayes voisines (Saint-Mathurin à Larchant, Saint-Séverin et Saint-Thugal à Château-Landon, Saint-Clair à Souppes, Saint-Aldric à Ferrières). Le grand chemin de Paris à Nevers sert aussi bien aux pélerins se rendant à Saint-Jacques de Compostelle qu’aux marchands internationaux ; d’autres, de moindres importances relient les centres commerciaux locaux ; ils ont nom : chemin Vert, chemin des Boufs, la Debeuse, des Vaches. Tous ont pour signal, repéré à des lieux de distance : le clocher de Notre-Dame de Château-Landon.

Château-Landon : Son Passé historique

Si près de vingt sites préhistoriques sont recensés autour de Château-Landon n’espérez pas y découvrir des vestiges gallo-romains ; c’est pourtant bien à Château-Landon, ville construite sur un éperon rocheux, en fait un oppidum que les légions de César trouvèrent sur leur chemin en 52 avant Jésus-Christ, alors que, venant du Sénonais, ils se rendaient à marche forcée à Orléans y réprimer une rébellion gauloise. Le siège dura trois jours ; l’agglomération ruinée, rançonnée dut livrer pour satisfaire le vainqueur six cents hommes. La ville mentionnée dans « Les Commentaires sur la Guerre des Gaules » de César s’appelait Vellaunodunum.
Castelnandunum, Castrolandonis, Castrum Nandonis, Chetiau Landon, voir même Kerak Landon, quelque soit le nom dont on l’ait appelée par la suite, disparaît des chroniques jusqu’au début du Vème siècle ; on ne parle plus de la ville mais elle n’est point abandonnée pour autant, puisqu’au Vème siècle, un certain Lentulus Nantus, proconsul romain fit construire un château en la ville de Castel Landonis.
En 507 la ville se rappela à l’histoire et un évènement – dont les suites furent importantes – toucha directement Château-Landon.
Tout commença par un long voyage qu’entreprit un moine savant à la réputation de guérisseur pour se rendre du monastère d’Agaune-en-Valais au chevet du roi des Francs, Clovis, souffrant en la ville de Lutèce, d’une fièvre rebelle, réfractaire à tout traitement terrestre. A l’appel royal, Séverin vint implora Dieu, étendit son manteau sur le moribond et le guérit. Refusant tout honneur et tout présent, il reprit le chemin de l’Helvétie. C’est ainsi qu’au début de l’année 507, à bout de force, il était recueilli par deux moines anachorètes vivant dans un ermitage construit au lieudit « la montagne de Château-Landon » ; peu après, « entouré de lumière », Séverin mourait – 11 février 507-. Apprenant sa mort, Clovis reconnaissant, promit de faire bâtir une chapelle où seraient vénérées les reliques du Saint, promesse que tint son fils Childebert en 545. A cette église, fut associée une abbaye destinée aux religieux desservant les lieux saints. Un élan religieux allait assurer pour plusieurs siècles la prospérité de la ville qui deviendra capitale du Gâtinais jusqu’en 1404.
Prospérité aidant, soutenue par la compétence temporelle des moines, rapidement Château-Landon devint une ville importante où rois, comtes et abbés se partagèrent les privilèges. C’est là que nait en 1043 Foulques IV Le Rechin , petit fils de Foulques III dit Nerra, Comte d’Anjou, père de Foulques V roi de Jérusalem, grand-père de Geoffroy le Bel, premier des Plantagenêts, dynastie qui règnera sur l’Angleterre pendant plusieurs siècles.
La ville, entrée en 1068 dans le domaine Royal grâce à Philippe 1 er devint une résidence intermittente des rois de France sous les Capétiens.
La fin du Moyen-âge, ses guerres et la peste ruinent la ville, provoquent son dépeuplement. Cependant, au XIXème siècle, l’extraction et la taille de la pierre s’y développe pour la construction de monuments prestigieux de la capitale et de province. On utilise la pierre de Château-Landon pour le dallage du Panthéon, la construction de l’Arc de Triomphe, dans les assises de la basilique du Sacré Cour, la construction d’Eglise des environs.L’exploitation en a cessé au siècle dernier ; elle se poursuit à Souppes sur Loing, localité voisine.

Château-Landon : Ses pierres et monuments

Ce passé historique a naturellement laissé des traces dans la cité. Il suffit de circuler à travers les ruelles du « castrum » moyenâgeux pour découvrir ce que pût être cette cité florissante : murs épais ceinturant la place forte, renforcés de Tours massives dont l’une d’elles, la Tour Madeleine(1) , nous est parvenue en relatif bon état ; poternes(10) enjambées par le chemin de ronde, ruelles et escaliers(9) dévalant la pente vertigineuse, caves voutées, couloirs obscurs, salles de siège et galeries aujourd’hui hélas inaccessibles pour la plupart. C’est tout un décor que l’imagination ne demande qu’à faire revivre. A l’extérieur de ce qui fut la « cité close de murs » la Ville Forte, une autre ville, plus aérée, dévolue aux commerces, aux foires, et aux marchés s’est construite. La Ville Nouvelle témoigne de l’animation qu’apportèrent marchands et pèlerins. Nous nous attarderons un instant (il faut choisir !) sur quatre monuments de ce passé prestigieux.
Tout à l’Est, un important édifice dont nous avons déjà parlé, l’abbaye Saint-Séverin(8) , aujourd’hui maison de retraite départementale. Au milieu des additions et restaurations pratiquées vers la fin du XV° siècle, on reconnaît le monument de Philippe-Auguste, avec ses fenêtres de plein cintre, ses cheminées caractéristiques, les puissants contreforts à redent rappelant ceux de la « Merveille » du Mont Saint Michel, sa haute tour ronde. Abritant jusqu’à la Révolution de 1789 une communauté de religieux séculiers, de l’ordre des Augustins, l’abbaye fut vendue comme bien national et en partie détruite ou transformée en locaux d’habitation. Cent ans plus tard, – devenue propriété de la famille Ouvré – l’un de ses membres, A.F. Ouvré , en fit donation au Département de Seine et Marne pour l’utiliser comme Hospice pour vieillards indigents, ce qui fut fait (31 mai 1892).
C’est dans son parc que se situe l’église primitive (découverte en 1927) où les reliques du Saint furent vénérées. Des fouilles archéologiques préventives, menées en 1997, suscitées par l’agrandissement et l’humanisation de la maison de retraite permirent d’approfondir les connaissances relatives à l’abbaye.
Dans la ville forte, une tour carrée, vestige d’une ancienne basilique dédiée à Saint-Thugal(9), attire l’attention. C’est là que furent déposées les reliques du saint breton, par les moines de Tréguier fuyant au X° siècle les envahisseurs normands. Cette tour fait partie du système défensif de la ville ; attribuée au XI° siècle, elle dresse ses six étages sur l’absidiole méridionale d’un édifice aujourd’hui disparu où l’on devine cependant une nef à collatéraux et une abside flanquée de deux absidioles. Les étages inférieurs sont fait d’un double parement de pierres en petit appareil disposées en épis selon la méthode carolingienne employée dans le préroman. Son avant dernier curé fut en 1781 Jean-Claude Le Blanc De Beaulieu, oncle de George Sand.
Troisième monument qui nous intéresse ici , l’église Notre-Dame de Château-Landon(2) . Etonnante construction qui nous donne, inscrite dans la pierre, une magistrale leçon d’architecture médiévale, où se marient et se côtoient, les styles carolingien, roman et gothique.
Edifice hybrique regroupant : le X° et le XI° siècle dans les piliers du côté nord de la nef et le portail central, le XII° dans la restauration du transept et le chour, ainsi que dans le clocher dont les étages ne furent terminés qu’aux XIII°-XIV° siècles, en même temps que la reprise des arcades Sud de la nef et l’élargissement du bas-côté Sud. Son clocher, unique dans les paysages français, dresse une impressionnante silhouette de pierre d’une rare légèreté, que la lumière et le vent traversent de part en part.
Plus à l’écart enfin, vers l’Ouest, à la sortie de la ville, se dresse la tour-porche de Saint-André(5 ), vestige d’un prieuré. Contentons-nous de citer ce qu’au début du XX° siècle écrivait l’abbé PREAU, curé de Château-Landon.
« Et enfin, là-bas, tout au fond, s’estompant dans la brume de l’horizon, une autre grosse tour carrée, elle aussi plus que découronnée et dont le premier étage, seul conservé, pourrait fort bien servir de jardin suspendu : c’est la tour de l’ancien prieuré de Saint-André qui fait l’admiration des connaisseurs, avec son portail ogival au dessus duquel s’ouvrent deux superbes fenêtres romanes, curieux assemblage d’un style de transition. De l’église, il ne reste que le sanctuaire que l’on aperçoit couvert entièrement d’une luxuriante verdure, dérobant aux regards les trois fenêtres de son chevet rectangulaire ». Rien à changé.

Château-Landon : La rivière du Fusin et la Tabarderie

L’importance du patrimoine historique que nous découvrons à Château-Landon (les quelques lignes précédentes ne dévoilent pas tout) ne doit pas faire oublier, le cadre, le patrimoine naturel de cette ville séduisante. Quel admirable spectacle lorsque, du fond de la vallée, sur les bords du Fusin, on découvre ces jardins qui cascadent sur une pente abrupte. Chaque saison en renouvelle le décor. C’est l’hiver, ses arbres noirs et décharnés, avivés par la blancheur et l’austérité des contreforts et des tours. C’est le printemps, les giroflées escaladant les remparts, les roses, les valérianes débordants des murets de pierres sèches. L’été, ou « l’on dine en ces jardins étagés aux murailles » si bien poétisé par Paul FORT. L’automne enfin, avec ses vignes-vierges embrasées au soleil couchant. Cet enchantement nous le devons au Fusin, personnage vivant, dont la rencontre avec la cité enfanta ce cadre enchanteur. Ses deux bras, le naturel qui serpente le long de la colline d’Itoire face à la ville, l’artificiel qui baigne ses jardins et traverse le parc de la Tabarderie est l’ouvre des moines de Saint-Séverin et de Saint-André ; les moulins qui le jalonnèrent jadis est celle des meuniers, des tisserands, des tanneurs qui ont fait de Château-Landon une des villes les plus prospères de l’Ile de France. Et si, flânant le long du cours d’eau, vous avez la curiosité de compter les lavoirs, vous n’en dénombrerez pas moins de dix-sept au pied de la cité ; découverte empreinte de nostalgie eu égard à l’état d’abandon de certains, mais pleine de reconnaissance pour les efforts déployés par la commune et ceux qui ont entrepris de relever et conserver ces témoins de l’histoire de Château-Landon.

Château-Landon : Le devenir ?

Voilà la question. Citer les réalisations de ces dernières décennies semble ici inutile ; bon nombre de publication, des bulletins municipaux s’en sont chargés et leur énumération dépasserait les limites de cette rubrique. Cependant, l’avenir n’est pas fermé. La situation du canton, proche de la région parisienne tentaculaire, va transformer demain ce lieu privilégié, resté longtemps à l’écart de la modernité. C’est cette tâche difficile qui incombe aux Châteaulandonnais amoureux du passé, confiant en l’avenir.

CHARLES DULLIN

à Néronville
Des souvenirs… de plus d’un demi-siècle

C’est en juillet 1921 que Charles DULLIN arriva, pour la première fois à Néronville, le petit hameau niché dans la vallée du Fusin. Madame DULLIN l’accompagnait. Ils allaient deci, de là, à la recherche d’une maison assez grande pour loger, avec eux, une bonne douzaine de jeunes comédiens : garçons et filles, leurs élèves enthousiastes. Parmi eux, G. VITAL, Marcel ACHARD, ATHANARION et Lucien ARNAUD, son fidèle comme l’appelait Monsieur DULLIN.

Le pays leur plut. Ils y trouvèrent sur la place du village, une ancienne auberge avec de grandes pièces et une grange qui devait devenir l’écurie de leur petite anesse « Gitane », têtue et capricieuse… Mrs DULLIN et ARNAUD furent, certains jours, obligés de la porter, car elle avait décidé de ne plus avancer au bord du canal.

Toute la compagnie s’installa donc tant bien que mal dans cette maison. Le premier étage devint dortoir, le rez-de-chaussée salle commune. Un peu plus tard, Mr et Mme DULLIN trouvèrent pour eux deux une nouvelle habitation avec des arbres et un grand jardin jouxtant ma petite école de Néronville. Ils furent pour nous de charmants voisins qui furent bientôt des amis. Monsieur DULLIN venait de fonder l’école de comédiens. Et ce fut à Néronville que vit vraiment jour : « L’ATELIER ». Comme c’étaient les vacances, je mis à la disposition des artistes le grand préau de l’école (où se payait la dîme au Moyen-Age…). L’école était à l’époque un couvent de moines.

Les jeunes comédiens avec quelques planches fabriquèrent des tréteaux. Heures passionnantes pour ces jeunes impécunieux, mais si riches d’idées, de courage et d’espoir. Ils répétèrent là, du Marivaux, du Molière, du Regnard. Monsieur DULLIN se dépensait sans compter, et communiquait à ses élèves, qui l’admiraient, son amour du métier, et son profond désir de régénérer le théâtre. Hélas, leur ardeur à emplir leurs jeunes estomacs ! Et Madame DULLIN devait faire des prodiges pour nourrir cette ardente jeunesse.

Il leur fallut bientôt gagner leur vie, et ils décidèrent de donner des spectacles publics, d’abord à Château-Landon, puis aux environs. Les femmes fabriquèrent les costumes, les hommes la scène, et deux d’entre eux chantaient en frappant sur des bidons.

Monsieur DULLIN avait remplacé son ânesse par une jolie petite jument : « Kiss », qui menait son maître dans un tilbury à deux places. Un jour qu’elle s’était enfoncée un caillou dans un sabot, Monsieur DULLIN vient chercher mon mari, pour l’aider à extraire ce fâcheux caillou, je vis arriver chez moi une superbe auto noire, toute brillante, conduite par un chauffeur en livrée. Celui-ci me demanda où habitait Charles DULLIN. Je lui indiquais, et je vis bientôt arriver mon mari, puis cinq minutes après, Monsieur DULLIN, marchant aussi vite que le lui permettaient ses rhumatismes. Tout en riant, il nous dit : « Savez-vous à qui je viens de dire un NON catégorique ? – A M.de ROTHSCHILD, qui venait de m’offrir la direction de son théâtre, le plus moderne de Paris ; un véritable pactole ! en vérité. -Aurais-je l’entière liberté de ne jouer que ce qui me plait ? lui dis-je. Mais oui, bien sûr, M.DULLIN. De temps en temps, vous voudrez bien m’accorder de monter une de mes pièces ? -Non Monsieur, je veux être libre, absolument libre ! Adressez-vous ailleurs ! ». Et l’impécunieux M.DULLIN riait de tout son coeur.

Cependant les répétitions allaient bon train. J’entendais parfois de chez nous, des éclats de voix en colère. C’était Monsieur DULLIN qui grondait l’un ou l’autre de ses élèves. Ceux-ci l’adoraient et ne se rebellaient pas. Quant à Monsieur DULLIN, les mains dans le dos, il faisait un ou deux tours dans la cour, et revenait bientôt, disant : « Allons, les enfants, travaillons ».

Une année, en juillet, il vint seul avec ses élèves. En arrivant, il nous fit ses amitiés, puis, me présentant un portefeuille : « Mme BEAULIEU, voulez-vous mettre ceci dans votre secrétaire, c’est notre argent. Quand il le faudra, je viendrai vous demander quelques billets. Ne m’en donnez pas trop facilement. Prévenez-moi quand il n’en restera guère : nous partirons. » Je voulus compter l’argent qu’il me confiait, il ne voulut absolument pas. Alors, de temps en temps, un peu gêné, il venait me dire : « Mme BEAULIEU, voulez-vous me donner mille francs, ils ont grand appétit, mes jeunes gens ». Quand il ne resta plus que quelques billets, je le lui dis. Consterné, il reprit le portefeuille tout plat, ajoutant : « Hélas, il va falloir faire nos paquets ! J’avais encore tant de choses à faire ! ». Le lendemain, il vint nous faire ses adieux. Bien triste. Et j’entendis, peu après, sur la route, tinter les grelots de la petite jument. Je le regardais, sans qu’il me vit, passer doucement, s’arrêter devant la porte. Il se leva dans la voiture, souleva gravement son chapeau, et repartit ; il avait fait ses adieux à la maison.

Monsieur et Madame DULLIN adoraient les bêtes. Ils avaient cette année-là un gros chien-loup et une petite chatte siamoise sur le point de donner naissance à des petits. Avec quels soins Mme DULLIN dorlotait la chatte ! Quand la petite bête fut sur le point d’accoucher, elle fut très malade ; impossible de la délivrer. Alors, Mme DULLIN appela au téléphone leur vétérinaire de Paris. Celui-ci vint très vite, mais la petite chatte mourut… Le lendemain, on la mit dans un petit cercueil de bois ciré, et, en rang, toute la compagnie alla l’enterrer au bord du ruisseau, sous un saule.

L’année suivante, peu de jours avant les vacances, nous apprenions que Monsieur DULLIN venait d’être décoré de la Légion d’Honneur »
« L’ATELIER » revint à Néronville.
Alors, mon mari, en secret, alla prier Monsieur POINT, Président de la Fanfare de Château-Landon, de bien vouloir venir avec ses musiciens, le prochain dimanche, à huit heures du matin. Ce qu’ils firent. Avec cuivres et tambours, doucement, sans bruit, les musiciens entourèrent la fenêtre de la chambre de M. DULLIN, et, au signal de M. POINT, éclata, comme un coup de tonnerre, une marche entrainante et joyeuse. Les volets brusquement s’ouvrirent et laissèrent voir M. DULLIN ébahi, qui s’écria : « que se passe-t-il ? qu’y a-t-il ? ». Alors, mon mari lui dit : « M. DULLIN, Néronville et Château-Landon vous donnent l’aubade pour fêter votre Légion d’Honneur ! » -Ah ! M. BEAULIEU, je vous reconnais bien là ! ». Et tout le monde d’applaudir. M. DULLIN était très ému.

Puis, M. DULLIN qui souffrait de rhumatismes de plus en plus, sur le pressant conseil de son médecin, dut abandonner notre village pour une contrée plus sèche. La région de Crécy-en-Brie fut choisie et Néronville ne le revit plus. Il nous donna de ses nouvelles assez longtemps, dans de longues lettres très amicales. Puis vint la guerre, et un peu plus tard, la maladie durant laquelle il se vit mourir. Lucien ARNAUD, son fidèle, vient encore me voir et m’écrit assez souvent. Il a toujours les larmes aux yeux quand il évoque le souvenir de M. DULLIN, ce Grand du théâtre, reconnu comme tel dans le monde entier, mais, pour nous, un Ami très simple.
SOUVENIRS rédigés par Mme BEAULIEU, ancienne institutrice de et à Néronville (1973).

SAINT SEVERIN

Saint Séverin et origines de l’abbaye royale de Saint-Séverin-lez-Châteaulandon

Saint-Séverin, à qui nous devons l’origine et le nom de la célèbre abbaye de Château-Landon, aujourd’hui Maison de Retraite départementale, naquit vers le milieu du Vè siècle d’une des plus illustres familles de Bourgogne. Attiré de bonne heure par la vie religieuse, il quitta le monde pour suivre sa vocation et se fit recevoir au monastère d’Agaune, du diocèse de Sion en Valais où sont vénérées les reliques de Saint Maurice, chef de la légion thébaine décimée par ordre de Dioclésien deux siècles auparavant.

Nous sommes au début du VIè siècle. A Lutèce, Clovis qui règne depuis 25 ans sur le peuple Franc souffre d’une fièvre pernicieuse qui dure depuis deux ans. Sur le conseil de son médecin, Tranquillinus, il fait venir à son chevet Séverin, ce moine dont la renommée de ses vertus et de ses guérisons surnaturelles était parvenue jusqu’à la cour du premier roi chrétien. Séverin, avant de quitter le monastère, fait part à ses frères d’une vision qu’il a eue : ses adieux sont définitifs ; il mourra sans rentrer à Agaune ; deux de ses compagnons devront l’enterrer à Château-Landon (ad Castrum Nantoniense).

Par Nevers où il guérit l’évêque Eulalius, il se dirige vers Paris, rend la santé à un lépreux aux portes de la cité, arrive au chevet de Clovis qu’il guérit en le couvrant de son propre manteau. Après avoir accompli de nombreuses autres guérisons et en dépit de tous les efforts tentés pour le retenir à la cour, Séverin prit congé du roi. Se souvenant de son songe prémonitoire, il se retire sur « la montagne » de Château-Landon dans un petit oratoire desservi par deux prêtres appartenant à Bethléem de Ferrières et rend son âme à Dieu ; nous sommes le 11 février, en l’an de grâce 507.

« C’est ainsi que cette colline et cette ville de Château-Landon, célèbres jadis, dit-on, lors de la domination romaine dans les Gaules allaient bientôt le redevenir mais pour un tout autre motif » (abbé Préau).

FOULQUES IV LE RECHIN

Foulques IV le Rechin , ancêtre de la famille royale anglaise des Plantagenêts.

1043; Naissance à Château-Landon de Foulques, second fils d’Ermengarde et du dernier comte de Château-Landon, Geoffroy IV. Ermengarde est la fille du comte d’Anjou, Foulques III Nerra, personnage haut en couleurs, type du seigneur féodal, violent et brutal mais capable de s’infliger de lourdes pénitences en s’imposant par trois fois le pélerinage en Terre Sainte.
1060; Geoffroy Martel, frère d’Ermengarde, héritier de Foulques Nerra meurt sans descendance directe. Son héritage revient aux deux enfants d’Ermengarde, Geoffroy le Barbu et Foulques le Rechin. A l’aîné le principal : l’Anjou, le Maine et la Touraine ; au cadet le reste : un château dans les Mauges, la Saintonge et le Gâtinais qu’il tient de son père.
Partage inique ; le Rechin se rebiffe et en 1068 s’empare des biens de son frère qu’il laissa croupir vingt huit ans dans les geôles de Chinon. La neutralité du roi de France, Philippe Ier, lui a été acquise, qui reçoit en dédommagement les Chatellenies de Château-Landon et de la Chapelle-la-Reine, soit la totalité du Gâtinais Français.
Foulques IV le Rechin, devenu comte d’Anjou quitte Château-Landon. De sa quatrième épouse, Bertrade de Monfort, il eut un fils ; Foulques V. Ce dernier, devenu veuf et poussé par le roi Louis VI part pour la Terre Sainte où il est couronné roi de Jérusalem en 1131.
Geoffroy le Bel, son fils lui a succédé en Anjou. Petit fils de notre Châteaulandonnais, il sera, en épousant la princesse Mathilde, fille de Henri I Beaucherc, roi d’Angleterre, le fondateur de la lignée royale des Plantagenêts, car leur fils, Henri qui conservera le sobriquet donné à son père, grand chasseur qui avait l’habitude d’arborer à sa coiffe une branche de genêt, sera sacré roi d’Angleterre sous le nom de Henri II Plantagenêt.
Cerise sur le gâteau, Bertrade de Monfort, épouse de Foulques le Rechin qu’elle quitte pour épouser Philippe Ier sera reine de France de 1092 à 1117.

GEOLOGIE

Sise sur un rocher en forme d’éperon allongé, la vieille cité offre un ensemble de monuments, tours et murailles, au-dessus de la vallée du Fusin ; la base de l’ensemble est un dôme crayeux, découpé par des failles, surélevé par des mouvements techtoniques. Le paysage urbain est marqué par l’omniprésence de la pierre calcaire issue du sous-sol de la région.

L’un des attraits de Château-Landon est cette complémentarité entre l’évolution géologique particulière et un riche passé historique. A l’Ouest de la ville, la couche de calcaire, largement éventrée de carrières béantes en cours de comblement, repose sur une assise d’argile qui retient un niveau d’eau, origine de plusieurs sources. A l’Est, le calcaire repose directement sur le cailloutis à chailles; il couronne le plateau de Mocpoix, bouleversé lui aussi par d’anciennes carrières.

La pierre de Château-Landon est un calcaire lacustre formé au début de la période géologique tertiaire, au fond d’une vaste lagune. Au Nord, un golfe marin occupe une partie de l’actuel Bassin Parisien. Un seuil, lié à un anticlinal, isole la partie méridionnale de cette lagune, constituant une « Sebkra », sorte de lac salé sans communication permanente avec la mer. Un fleuve venu du Sud s’y déverse, formant une plaine deltaïque d’alluvions figées en croute durcie : le poudingue de Nemours. Sur les marges moins profondes de la « Sebkra », avec l’apport massif d’eau douce continentale, les couches de calcaire se sont empilées ; le silex drainé par les eaux du fleuve constitue une matière première pour l’outillage préhistorique. Le calcaire, plus homogène constitue le « banc royal » exploité comme pierre de taille, matériau dont l’excellente qualité a permis la construction d’un grand nombre d’édifices prestigieux parisiens. L’Arc de Triomphe, le Sacré Coeur de Montmartre, mais aussi la Fontaine Saint Sulpice, le grand perron de la Bourse, la statue Sainte Geneviève et autres ouvrages plus modestes de notre région tels que canaux, écluses, ponts, en sont les témoins.

L’extraction de la pierre de taille a été dans un passé récent une activité industrielle importante. Modernisée, elle poursuit son développement sur le territoire de la commune de Souppes-sur-Loing.

DOCUMENTATIONS

Histoire et Archéologique à Château-Landon

Le groupe « Histoire et Archéologie » a été créé pour l’étude de la sauvegarde du riche patrimoine de Château-Landon. Celui-ci comporte plusieurs collections en Préhistoire, en Gallo romain et en poteries du Moyen-Age.

D’autre part le Groupe a publié de nombreuses études (articles de revues ou livres) concernant le passé de la ville et ses environs.
•  Publication d’une revue annuelle « Les Cahiers du Passé »
•  Livres : « Un passé de prestige : Sceaux du Gâtinais »
« Château-Landon, les Pierres de l’histoire »
« L’Abbaye royale de Saint Séverin-lez-Château-Landon » par l’Abbé Préau
Et plusieurs publications sur « l’Hôtel-Dieu » « la vie à Château-Landon » etc.

•  Centre de documentation comportant une bibliothèque, archives, collections de diapositives, documents réunis lors d’expositions temporaires.
•  Deux expositions permanentes.
« La maison de la pierre » qui résume l’évolution historique depuis la Préhistoire jusqu’aux temps modernes.
« Les outils et le travail de la pierre » avec deux thèmes principaux = les outils du tailleur de pierre et la construction de l’Arc de Triomphe de l’Etoile de Paris.

•  Le groupe rassemble également une documentation :

Sur l’évolution géologique d’un site remarquable
Sur l’étude des fossiles
Sur la minéralogie.

Conclusion :
L’association s’efforce de regrouper l’ensemble des témoins de l’évolution géologique et historique d’une cité, riche d’un patrimoine bâti encore imposant et d’une histoire fertile en événements de première importance.

La bibliothèque de l’association est ouverte tous les samedis après-midi de 15h à 17h à la Maison de la pierre au 29, rue Jean Galland.

 Ouvrages relatifs à Château-Landon

Monographies des villes et villages de France Histoire de Château Landon Dorvet – 1877
Eglise Notre Dame Notes et Souvenirs Abbé PREAU – 1910
L’Abbaye royale de Saint-Séverin Lez Chateaulandonnais Abbé PREAU – 1913
Château-Landon en Gâtinais 1980
Château-Landon Edition Zodiaque – 1987

 Monuments et sites ayant fait l’objet d’une publication dans les Cahiers du Passé

Histoire et Archéologie de Château-Landon

L’Hôtel Dieu
numéro 10, page 18 à 22
numéro 14, page 15 à 16
La Tour Saint Thugal
numéro 15, page 3 à 8
Saint-Séverin
Découverte des fresques
numéro 14, page 35 à 41
L’Abbaye de St Séverin
numéro 25, page 7 à 17
La Tour Madeleine
numéro 12, page 6 à 8
La Ville Forte
Autour du Larry
numéro 18, page 19 à 31
Autour d’un escalier
numéro 19, page 19 à 28
Le Monument aux Morts
numéro 16, page 6 à 18
Les souterrains de Château-Landon
numéro 19, page 3 à 11
Les carrières de craie
numéro 20, page 21 à 27
La Tour Porche Saint-André
numéro 8, page 10 à 13
numéro 9, page 19 à 26
numéro 20, page 28 à 38
Le chemin de César
numéro 21, page 6 à 24
La Grande Croix, Place de la République
numéro 22, page 52 à 57
Château-Landon – 1779
numéro 23, page 27 à 29
L’Eglise Notre Dame
Temple de la Raison
numéro 23, page 51 à 57
Les Cloches
numéro 25, page 47 à 53

Mémoires de Maîtrise

Directeur de Recherche : Madame A. PRACHE – Université Paris IV Sorbonne
L’Abbaye Royale
de Saint-Séverin lez Châteaulandon
les peintures murales romanes
Mémoire de Maîtrise : Etude de Melle Catherine FUJITA 1987
Etude architecturale
de l’église Notre Dame
de Château-Landon
Mémoire de Maîtrise : Etude de Melle Isabelle BERTON 1990-1992
L’ensemble de ces ouvrages sont disponibles
ou consultables au groupe « histoire et archéologie » à la Maison de la pierre, 29 rue Jean Galland.

 UNE VISITE VIRTUELLE DE LIEUX INVISITABLES ET INSOLITES DE CHÂTEAU-LANDON

360° Chateau-Landon